Champignons installés sur les écorces: il ne faut pas hésiter à faire un curage sévère, au couteau à greffer.
J'ai un érable sucré (acer saccarinum) qui a souffert de la canicule de 2003. Ainsi que deux cerisiers, il a été "échaudé" par la forte chaleur, et surtout par le parcours du soleil vers l'ouest, en été, au cours des après-midi et soirées longues et surchauffées.
Pour les céréales ou les vignes souffrant de la chaleur, on parle d'
échaudage; mais pour les arbres on dit plutôt
"échaudure".
Cela se caractérise par un éclatement de l'écorce dû à la chaleur, du côté sud-oues ou ouest du tronc. J'ai cela sur deux cerisiers et cet érable.
Une bonne prévention est, dans les endroits où l'été est très chaud, un manchonnage "isolant thermique" du tronc des espèces sensibles, dont font partie les érables.
Après l'accident, je n'ai rien fait alors qu'il aurait, sans doute, fallu passer du goudron de Norvège. Du coup un champignon s'est installé sur la longue plaie de 40 cm de hauteur. L'hiver dernier, j'ai vu ce champignon (une sorte de langue de boeuf miniature de couleur blanche), je l'ai enlevé, j'ai gratté un peu, pas assez: car il était infiltré sous l'écorce; je n'ai fait qu'enlever les portions d'écorce décollées et curer ce qui était apparent: il fallait aller beaucoup plus loin.
Seulement, sur un arbre, on n'ose pas trop arracher de grands lambeaux d'écorce car sous l'écorce passe la sève. Si on enlève au couteau à greffer un lambeau d'écorce faisant le tour de l'arbre (bref un cylindre d'écorce), on enlève à la sève tous ses points de passage et l'arbre meurt.
Donc, à l'hiver dernier, j'avais fait un nettoyage insuffisant et passé de la
bouillie bordelaise qui est l'antifongique bateau.
Depuis cet été j'ai vu que ce champignon n'était pas parti, et avec l'humidité de cet hiver c'est devenu catastrophique. La plaie fait maintenant 80 cm de hauteur, s'est élargie, les mini-langues de boeuf étaient au nombre de 8 au lieu de 2 l'an dernier, l'écorce était décollée, boursouflée et donc inopérante pour le passage de la sève.
Aujourd'hui, sur le conseil d'un voisin, j'ai décidé de procéder à un grand curage au couteau. J'ai décollé, enlevé le champignon, gratté au couteau; en dessous de l'écorce, je me suis aperçue que le bois était mou: le couteau entrait dedans comme dans du beurre; je me suis aperçue qu'une partie de l'aubier était décollée; j'ai tiré dessus.... le bois était complètement dépourvu de résistance mécanique (bois pourri par le champigon xylophage), et un pan entier du tronc de ce jeune arbre m'est resté dans les mains. En fait , j'ai arraché le tiers du tronc !!
J'ai ensuite fait un badigeon au
soufre. Je verrai bien. J'ai peur que mon arbre soit perdu.
J'aurais dû, cet hiver, passer du
blanc sur ce tronc, aussi.
Tout ça pour dire que lorsqu'il y a des champignons, il faut agir de manière très sévère.
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J'ai fait aujourd'hui aussi mes
tailles sur des arbres à noyau: 2 cerisiers, 2 pruniers, 2 amandiers.
J'aime beaucoup ce travail de taille: selon moi c'est un des plaisirs du jardinier, avec les récoltes; tout le reste n'est que corvée... je me suis dégoûtée peu à peu des travaux de jardinage qui n'ont jamais de fin, et dont la négligence, même temporaire, même un beau jardin à l'état de friche infâme en quelques semaines.
L'un des pruniers (un quetsche) est très fort en bois et je n'arrive pas à le contenir: il fait des
gourmands qui poussent violemment pendant la saison et nuisent au reste de l'arbre en prenant toute la sève pour eux. Ce sont des branches qui poussent au centre de l'arbre, droit vers le ciel, et sont très épaisses dès la première année. Elles sont à élaguer pour rééquilibrer l'arbre. Mais sur les arbres à noyau, les élagages sont à faire à la fin de l'été, à la descente de sève (septembre, octobre), pour que l'arbre cicatrise sans saigner. Les élagages faits à la fin de l'hiver provoquent de gros saignements de gomme dès que la sève monte avec les premiers jours du printemps.
Sur l'un de ces pruniers je n'ai pas élagué en septembre (par manque de temps); je n'ai donc pas enlevé cette branche énorme que j'ai sur ce prunier. J'attendrai septembre.
Mais j'ai fait les petites tailles d'entretien: celles qui aident à une meilleure fructification, et qui donnent à l'arbre à sa forme évasée en
gobelet, qui est à la fois esthétique, et aussi laisse le centre de l'arbre point trop encombré de branches, et permet donc aux fruits d'avoir plus d'ensoleillement.
Plus d'ensoleillement sur un arbre bien taillé et donc pas trop touffu: donc meilleur mûrissement des fruits, et aussi moins de maladies, en particulier cryptogamiques.