Isolation thermique traditionnelle: les "murs de paille" pour séparer les espaces; et la paille tressée en guise de bourrelets sur les portes des granges.
Voici des images d'une maison creusoise: Le haut garage appelé "grange" et faisant partie de la maison bénéficie,sur la partie haute de sa porte,de l'implantation de petites consoles en bois, qui maintiennent un tressage de paille. Une fois la porte refermée, cette tresse empêche le froid d'entrer dans le garage.
En haut de la porte, côté intérieur, il y a un caisson parallélépipédique en bois (avec panneau amovible de l'intérieur) faisant pigeonnier. Voir les trois orifices donnant sur l'extérieur.
Haut de porte de grange et pigeonnier:
Remarquer aussi, très en usage dans les vieilles maisons, le simple tourniquet en bois (en haut des portes, à l'intersection des deux battants) qu'on fait tourner d'un quart de tour une fois les portes refermer pour les maintenir et les empêcher de se voiler (du sol, on manipule ce touniquet par une grande perche bardée d'un grand clou, à son extrêmité). Les gens disposaient simplement pour faire tourner ce petit accessoire en bois d'une perche de trois mètres de haut assortie d'un clou. On n'en est pas encore à la télécommande pour refermer la porte !!
En fait cette maison qui est sur cette photo était habitée par un agriculteur très âgé et mort presque centenaire, et il n'avait touché à rien depuis pratiquement l'année 1930; donc ce système de blocage est un héritage des instrumentations en usage dans les maisons modestes du siècle précédent.
D'ailleurs, à l'intérieur de la maison, pour les portes ordinaires on le retrouve: quant on veut sortir du grenier, on tire vers soi la porte sans serrure mais munie d'un crochet qu'on passe dans un piton fixé au mur voisin; et dans l'autre sens, quand on entre dans le grenier et qu'on veut s'y enfermer, on pousse la porte vers son dormant; sur le dormant est clouée par un simple clou une pièce de bois pivotante, en forme de parallélépipède, on la fait tourner et la porte est coincée. Ce n'est pas une vraie serrure mais ça marche très bien.... Evidemment ça ne résistera pas à quelqu'un qui veut enfoncer la porte.
Mais en Creuse, comme dans la chanson les gens ont un peu "jeté les clés de leur maison" et ne s'enferment pas comme des parisiens.
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Une autre photo de la même porte de grange: remarquer aussi, verticalement, un autre tressage destiné à empêcher les entrées d'air le long de la charnière de la porte.
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Toujours dans la même maison, voici la grange à foin au dessus des trois étables: on y voit un "mur de paille" qui coupait les courants d'air froid dans le bâtiment
Elle est sur deux niveaux décalés (pour la remplir à la fin de l'été, on commençait à monter le foin sur le premier niveau puis on le transvasait sur le second); une échelle monte au second niveau: ce qui est sur la photo c'est le premier niveau et on voit l'échelle monter au second niveau.
Elle semble ultra-pleine, mais en fait elle est vide: ce qu'on voit sur la travée de droite n'est qu'un mur de paille; et le trou de l'échelle qui monte au deuxième niveau est aussi bouché par un bouchon de paille.
Elle est vide car il n'y a plus d'animaux depuis trente ans au rez-de-chaussée. Mais même lorsqu'elle était occupée, ce "mur de paille" était permanent: en effet lors de la consommation hivernale des bêtes on conservait toujours en place cette première rangée de paille qui coupait les courants d'air froid dans le bâtiment.
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La maison où ont été pris ces gros plans de porte de grange est située ci-dessous sur la gauche; on aperçoit une partie de cette grande porte de garage; sur la droite en haut de la côte, la maison d'un domaine agricole, dont dépend le pré situé à droite. On voit que la Creuse n'est pas très peuplée: ces deux maisons sont "proches voisines"!!